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FNSEA/Justice Luc Guyau, rattrapé par la justice

PARIS, 5 février 2004 - Plus de deux ans après avoir quitté la FNSEA, son ancien président Luc Guyau, est rattrapé par la justice, placé jeudi en garde à vue dans l'enquête sur des détournements de fonds présumés au sein de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles.

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La garde à vue de M. Guyau, actuellement président de l'Assemblée permanente des chambres d'agricultures (APCA), intervient dans le cadre d'une instruction qui a démarré au début de l'année 2000, à la suite d'une plainte contre X avec constitution partie civile pour "abus de confiance, abus de biens sociaux, faux et usage de faux et complicité et recel".

Le 22 janvier 2004, Yves Salmon, ancien directeur général de la FNSEA de 1993 à 2001 et bras droit de M. Guyau, avait été mis en examen pour "complicité et recel d'abus de biens sociaux" par le magistrat du pôle financier du Tribunal de grande instance de Paris chargé de l'enquête, Henri Pons.

Le plaignant, l'Organisation des producteurs de grains (OPG), une petite organisation de producteurs affiliée à la Coordination Rurale, s'était appuyé sur un rapport de la Cour des comptes pointant des irrégularités au sein de la société Unigrains, établissement lié aux céréaliers, dans le mode de répartition des taxes parafiscales auxquelles sont soumis les agriculteurs.

Un autre organisme céréalier, l'Institut technique des céréales et fourrages (ITCF) était également visé. Selon le rapport, les deux organismes, qui bénéficiaient d'une taxe parafiscale versée par les producteurs de céréales, avaient accordé des aides qui ne correspondaient "ni à leur objet ni à celui des taxes qui les financent".

La Cour des comptes citait notamment le cas de la Confédération nationale de l'élevage, qui aurait reçu en 1997 près de 305.000 euros versés par Unigrains afin de lui permettre de payer sa cotisation à la FNSEA. Le Parisien qui a dévoilé cette affaire vendredi dernier, indiquait que M. Guyau, président de la FNSEA de 1992 à 2001, serait prochainement entendu dans le cadre de l'enquête. A l'APCA, on avait alors indiqué que M. Guyau "ne souhaitait pas s'exprimer pour le moment" sur ce sujet.

La FNSEA affirmait aussitôt qu'"à aucun moment, les collaborateurs ou les élus de la FNSEA n'avaient commis le moindre détournement de fonds ni à leur profit, ni à celui de la FNSEA". Des propos réitérés par son président actuel, Jean-Michel Lemétayer, mardi lors de l'assemblée générale de la Confédération française de l'aviculture. L'utilisation des fonds d'Unigrains s'est faite "en toute transparence, conformément aux objectifs d'Unigrains, avec l'accord écrit systématique, voire sous injonction de tous les ministres de tutelle de ces vingt dernières années", précisait le syndicat agricole.

Les révélations du Parisien suscitaient de vives réactions des autres syndicats agricoles. La FNSEA est "enfin prise la main dans le sac", raillait la Confédération Paysanne estimant que les poursuites engagées révélaient des pratiques "très anciennes et toujours actuelles". La Confédération Paysanne "se réserve le droit dans cette affaire de se constituer partie civile", avait déclaré à l'AFP son trésorier, Jean-Jacques Bailly.

De son côté, la Coordination Rurale se félicitait que la plainte déposée par les producteurs de grains de l'OPG "entre enfin dans une phase active". "Toute la lumière doit être faite sur une triste affaire mettant en cause la gestion opaque d'un certain nombre d'organisations agricoles", insistait-elle, estimant que les agriculteurs doivent connaître la vérité sur les utilisations "frauduleuses du produit des taxes qu'ils ont payées en toute confiance".


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